Dans l’organisation d’une société tout est imbriqué

Toutefois, peut-on parler d’un projet de société lorsque l’on prend chaque fois un petit morceau par-ci, un petit bout par-là, sans cohérence entre eux ? Un projet de société est au contraire une immense toile d’araignée, où chaque fil en rejoint un autre et permet au tout de tenir dans l’espace.

Considérons par exemple l’alimentation. Pour être cohérent, nous devons l’examiner avec une vision globale, si possible digne d’un avenir durable. Cela commence par la culture et l’élevage. Pour arriver dans notre assiette, les aliments franchissent plusieurs étapes.

L’enseignement dans un lycée agricole est le passage théorique pour un futur agriculteur ou éleveur. Interdire les pesticides chimiques qui polluent les terres et se retrouvent dans nos estomacs demande à revoir les programmes et à enseigner l’agroécologie ainsi que la permaculture.
L’eau est nécessaire à l’agriculture, or sécheresses et inondations sont de plus en plus fréquentes. Il faut donc repenser sa gestion au niveau national.
Les animaux sont des êtres sensibles qui, comme nous, peuvent éprouver du stress. Faut-il dans ce cas autoriser des fermes de type « mille vaches » ainsi que les élevages en batterie ? Rien n’interdit le mieux être animal.
On arrive au conditionnement avec la suppression des emballages plastiques à base de pétrole et la consigne des bouteilles en verre fermées à la céramique.
Les aliments sont transportés pour être consommés. Les transports sont polluants alors que nous avons impérativement besoin de respirer un air sain, ce qui exige une organisation de circuits courts.
Pour être certains du suivi des aliments et de l’impact sur l’environnement, renforcer la traçabilité des produits jusqu’à la vente est indispensable.
Et pour terminer le cycle, le déchet végétal et les déjections animales (fumier) sont l’engrais idéal qui retourne à la terre pour la nourrir, revaloriser le circuit de la chaîne alimentaire.

En somme, une vision globale et éco-responsable de l’alimentation nécessite des actions coordonnées à chaque étape du processus, de la production à la consommation, pour garantir une alimentation saine, durable et respectueuse de l’environnement.

L’écologique est par définition une étude de la nature, (1) bien plus qu’une simple série de mesures environnementales. Une civilisation écologique représente une véritable philosophie de vie et une façon de penser en harmonie avec la nature. Cette perspective remet en question de nombreuses notions établies sur la manière de “gérer” notre monde. Elle nous pousse à réfléchir profondément et à aborder diverses questions cruciales. C’est pour cette raison que nous parlerons de civilisation écologique et non d’écologie.

L’effet domino

Chaque élément d’un système complexe est comme un maillon dans une chaîne alimentaire, une rivière ou même le battement d’ailes d’un papillon, et lorsque l’un de ces éléments est modifié ou perturbé, cela peut déclencher une série d’effets en cascade qui touchent l’ensemble du système.

Prenons l’exemple de la Sécurité Sociale et de ses déficits records. Il serait réducteur de les attribuer uniquement à un manque de rentrées financières dû à des cotisations insuffisantes. En réalité, ces déficits sont également influencés par des facteurs humains, tels que le stress, l’anxiété et la pression au travail. La peur de perdre son emploi pèse lourdement sur les travailleurs et les entrepreneurs, ce qui peut entraîner des problèmes de santé, notamment des maladies et des dépressions. Les cas d’épuisement professionnel (burn-out) sont en constante augmentation, mettant en évidence les conséquences de ces pressions dans un système complexe.

Dans ce réseau complexe, les racines de la violence, de la délinquance et du mal-être peuvent également être identifiées. Chaque petit élément peut influencer d’autres éléments, créant ainsi une réaction en chaîne qui peut aboutir à des résultats inattendus, tels que des taux de chômage élevés ou des déficits financiers.

Mais quelle est la place de l’humain dans cette chaîne ? Partout et à la fois nulle part. Il est omniprésent, mais en même temps, semble relégué à l’arrière-plan. D’une part, il subit les forces et les pressions de cette chaîne, tout en cherchant à exercer un contrôle sur elle. Cependant, il semble que nous ayons perdu de vue sa place en tant qu’individu pensant, faisant partie intégrante de l’écosystème naturel. Au lieu de cela, l’individu est traité comme un simple pion sur l’échiquier mondial, un moyen de production et d’intelligence mesurable. On ne lui pose pas la question : qu’est-ce qu’il souhaite ? Quels sont ses besoins, ses aspirations, ses rêves ?

Ressentis, motivations ou réalité ?

On analyse rarement, si ce n’est jamais, les sentiments (ressentis et pas motivations) de ceux qu’on appelle la majorité silencieuse. Ce sont les ressentis qui ont fait descendre les Gilets Jaunes dans la rue. Plus que la hausse de l’essence, c’est ce sentiment de ras-le-bol. Et si les Gilets Jaunes avant la Covid ont tenus les ronds points, si les jeunes désœuvrés des cités (2) se révoltent, s’ils sont de toutes façon en désaccord avec les lois de la République, s’ils descendent dans la rue, portent des pancartes, ils le font pour attirer l’attention. Cependant, leurs messages ne sont ni entendus ni pris en compte par ceux en position de pouvoir, que ce soient pour les Gilets Jaunes, les jeunes, les entrepreneurs ou les retraités. Les suicides de salariés sur leur lieu de travail auraient dû, en tirant la sonnette d’alarme, poser la question. Ce sont les ressentis qui font que l’on se pose des questions sur le sens du travail. Ce sont les ressentis qui font monter la peur du lendemain. Nous devrions nous interroger davantage sur les raisons pour lesquelles tant de personnes en France (3) souffrent de dépression, de burn-out, sans compter les personnes qui ont recours aux tranquillisants.


1 Scientifiquement, écologie signifiant « Étude des milieux où vivent les êtres vivants, ainsi que des rapports de ces êtres avec le milieu (écologue)
2 https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/marseille/emeutes-apres-la-mort-de-nahel-des-casseurs-s-expriment-2806571.html
3 En France, de 6 à 10% des hommes et de 12 à 20% des femmes souffrent d’une forme quelconque de dépression durant leur vie, et des études indiquent qu’aux États-Unis, pas moins de deux personnes sur dix présentent de sérieux symptômes dépressifs à un moment ou un autre de leur vie. Si les troubles de la dépression touchent hommes et femmes de tous âges et de toutes les couches de la société, les études montrent que les femmes en sont plus souvent victimes. :

http://fr.encarta.msn.com/encyclopedia_761578989/d%C3%A9pression_nerveuse.html