Vouloir, devenir et être formateur : de la peur à l’excitation

Lorsque nous traversons une crise, nous en sortons collectivement différent quelque soit le contexte. Il y a un avant, un pendant et un après. Concernant la pandémie actuelle, nous commençons à rencontrer certes, des personnes dont la trajectoire professionnelle et parfois intime change complètement. Mais aussi, celles qui prirent conscience lors du premier confinement que le croisement temps et bien-être familial pouvaient se conjuguer au présent et au futur. Le salaire devient alors secondaire.

Ainsi certains fracas de vies bouleversent nos chemins parfois tout tracés. Pour ma part, ce fut un effondrement professionnel. Après des années dans la protection de l’enfance en qualité de cadre de proximité, j’empruntais voici 3 ans, la voie de formateur auprès des professionnels de la relation d’aide.

A 54 ans, le temps était venu de prendre un certain recul et vouloir partager mes savoirs et expériences à celles et ceux qui seraient en demande.

Cependant, je ne concevais pas ce métier en devenant une simple courroie de transmission de connaissances, de sachant inaccessible. Je le concevais aussi en apprenant des rencontres que j’allais entreprendre. Aujourd’hui, je suis et je m’affirme progressivement comme un passeur et un conteur d’histoires mêlant professionnel et humain.

J’alimente ma posture pédagogique de messages où mes anecdotes professionnelles illustrent et rendent vivantes mes interventions, dixit les participants. Le concret permet de créer du lien un ancrage entre la salle et moi. Etre formateur, c’est oser sortir du conventionnel. Osez interpeller l’autre, le faire réagir, activer son esprit critique et qu’il reparte en se questionnant. Oser ainsi l’authenticité et partager de soi. C’est prendre le risque d’être remis en question.

Chacune de mes interventions je les vis et les prépare de manière différente. Je trouve que cette période de l’avant est aussi intense. identique au cuisinier qui invente une nouvelle recette. Rechercher, apprendre et créer représentent selon moi les ingrédients principaux. Comme cette formation concernant le temps de travail. Je traversais alors les siècles pour montrer comment ce temps s’imposa progressivement dans nos vies.

Les contextes dans lesquels j’interviens restent très éclectiques. Je rencontre des professionnels souvent isolés, non soutenus, non valorisés parfois invisibles au sein d’organisation où le sens, la communication ne fonctionnent plus ou mal où les directions exercent parfois la gestion des trois petits singes.

Après chaque journée, je repars fourmillant de questionnements et de richesses. Etre formateur c’est exercer avec confiance et incertitude, peur et excitation : celle de l’inconnu avant d’entrer dans une salle. Puis vient le moment, où une nouvelle aventure professionnellement humaine commence. Vous osez !