L’annonce d’Emmanuel Macron s’inscrit dans un contexte particulièrement difficile pour les troupes françaises à Niamey. Pour Rémi Carayol, journaliste indépendant et auteur du Mirage Sahélien aux éditions La Découverte, “la situation était intenable. Cela fait maintenant deux mois que les putschistes ont pris le pouvoir. Ils avaient réclamé le départ des troupes françaises puis de l’ambassadeur Sylvain Itté.” Un doute subsiste toujours quant à la situation dans laquelle se trouve l’ambassadeur : “le qualificatif d’ “otage” est curieux, car c’est le gouvernement français qui a décidé de le laisser sur place alors que les putschistes ont exigé son départ. Ce que l’on sait, c’est que Sylvain Itté s’est fait remarquer à son arrivée au Niger. Il s’est fait des ennemis au sein de la société civile, en raison de sa communication agressive sur les réseaux sociaux face à la guerre informationnelle menée par la Russie dans cette zone”, ajoute le journaliste.
Vers la fin de la présence française en Afrique ?

Si le scénario dans lequel la France n’est plus représentée au Sahel est envisageable, il n’est pas encore d’actualité selon Rémi Carayol : “au Mali et au Burkina Faso, il n’y a déjà plus d’ambassadeur. On semble se diriger vers la même situation au Niger. Néanmoins, le rejet de la présence diplomatique et militaire française se limite pour l’instant au Sahel. Il faut rappeler que la France conserve des bases militaires importantes au Tchad, à Djibouti, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Le rejet exprimé par le pouvoir en place au Sahel et par une partie de la population se retrouve toutefois dans d’autres pays et il n’est pas impossible que des tensions émergent ailleurs.”

Quel avenir pour le Sahel ?
Selon Emmanuel Macron, le départ des troupes françaises au Sahel sera synonyme d’une recrudescence de la menace terroriste. Rémi Carayol estime que s’il y a eu quelques actes terroristes dans la zone frontalière entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, il ne semblerait pas que les groupes terroristes aient actuellement l’ambition d’étendre leur territoire. Il n’en reste pas moins que cette situation est le résultat d’un échec français : “malgré le déni des autorités françaises, la grande partie des observateurs ont fait ce constat d’un échec spectaculaire. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont connu des coups d’État et ce sont les trois pays dans lesquels intervenait l’opération Barkhane. De toute évidence, cela a contribué à fragiliser la zone”, conclut le journaliste.