Formateur auprès de professionnels de la relation d’aide, j’interviens ces derniers mois dans le secteur de l’entreprise,. Certes, je rencontre des professionnels consciencieux, sans lesquels l’activité ne fonctionnerait pas. Mais, je croise surtout et quel que soit le domaine ( éducation spécialisée, animation, transport, agriculture et énergie) des salariés tout statut confondus souvent épuisés, isolés, non reconnus, en perte de sens, en risque d’épuisement et pour certains d’effondrement. Une entreprise dans laquelle je suis intervenu enregistre un accident de travail par semaine.

Les hiérarchies semblent souvent absentes éloignées et engluées dans une urgence sans envisager des priorités à moyen et long termes. Certains managers de proximité m’expliquent le monologue de la direction lors de la réunion mensuelle. Aucun échange, aucune écoute. Puis ils retournent à leurs tâches.
Que penser de cette responsable avec laquelle j’échange sur l’organisation de travail ? Son téléphone sonne, elle quitte la pièce et ne reviens pas. Un salarié me lance alors “C’est toujours comme cela. Elle ne se rend jamais disponible, nous nous débrouillons seuls. Nous sommes quasi invisibles”.

Que dire de ces professionnels qui ne font jamais de pause journalière et se font interpeller, le jour de la formation par la responsable, leurs demandant où ils se rendaient ? Lorsqu’ils dirent “en pause” son unique réponse fut celle de l’étonnement “D’habitude vous n’en faites jamais !”

Quid par ailleurs, de ces hiérarchies qui commandent un diagnostic et lors de sa présentation, ils hurlent à l’ingérence. En particulier, lorsque certaines interrogations ou propositions concernent le management directionnel.

Bien sûr en surface, l’envie, les projets, la motivation dessinent un univers professionnel qui donne envie. Mais lorsque le bateau commence à essuyer des tempêtes, nous découvrons que les interactions, l’émotionnel et sa gestion restent parfois à quai.

Certes les formations que j’initie comme d’autres permettent aux professionnels de prendre le temps d’une l’escale, pour souffler, partager, analyser, apprendre puis reprendre la route avec des outils.

Mais ne s’inscrivent ou sont inscrits qu’un trop petit nombre de l’équipage et bien souvent, manquent les principaux : les directions pour évoquer, la posture managériale, la gestion du temps de travail, la posture professionnelle, la gestion des émotions ou des conflits d’équipe et comment s’en sortir.
Parfois le bateau et son équipage quittent le port. Je transmets mon évaluation au responsable et je sais par son attitude que la traversée continuera à l’identique. Parfois, les escales deviennent plus régulières, des changements positifs se font jour.

Le monde du travail ne se dessine pas comme un long fleuve tranquille sur lequel le professionnellement humain rencontre des difficultés a se faire sa place.