Débattre d’un sujet n’est pas le contester purement et simplement. Cet article et les suivants sont ici pour ouvrir le débat sans toutefois représenter une opinion.

La contestation n’est pas la participation
Alors que nous devons collectivement relever une multitude de défis, la crise de la démocratie représentative se confirme et s’accentue chaque jour un peu plus. L’abstention et la défiance sont devenues en quelques décennies les principaux marqueurs du système actuel.
Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent disant qu’il n’y a plus de démocratie, que la démocratie représentative est en crise ou bien qu’elle n’existe plus. Or, si on regarde de plus près, ce n’est pas la démocratie représentative qui en défaut, mais la démocratie participative.
Parce que pour avoir des représentants qui partagent nos idées ou bien dont nos partageons les idées à travers leurs programmes, il faut les avoir élus, et pour les élire, il faut PARTICIPER. Oui, mais pour lesquels ?

Changer de logiciel
Fanette Bardin nous dit que « Huit Français sur dix souhaitent pouvoir contribuer au changement des règles du jeu politique »1.
Huit français sur dix ? Après un bref calcul cela nous donnerait 33,6 millions de personnes sur 42 millions d’inscrits aux élections. C’est à première vue ce qui ressemble fort à une fausse lecture des sondages ou à de fausses réponses puisqu’ils revotent pour les mêmes ou bien ils s’abstiennent.
Pourtant nous revotons toujours pour les mêmes.
Lorsque Marinette Valiergue, experte associée à la Fondation Jean-Jaurès, écrit dans son rapport « ÉTAT D’URGENCE DÉMOCRATIQUE : COMMENT DÉCIDER ENSEMBLE ?  « les stratégies que ces derniers (les électeurs) ont suivies, le vote utile, le vote rejet, le vote sanction, le vote barrage, le front républicain, on ne décèle presque plus jamais d’adhésion authentique des électeurs à un projet, une vision, un programme » est-il interdit de se présenter ou de voter pour des personnes qui auront l’aval des électeurs ? Rien. Alors, pourquoi vote-t-on toujours pour les mêmes alors qu’on les honnis ? Plus loin elle écrit aussi : « Quitterie de Villepin, candidate indépendante dans la deuxième circonscription de Paris, engagée pour porter le « premier mandat délibératif » à l’Assemblée nationale, …… a obtenu 2 362 voix, toutes gagnées une à une, sans bénéficier de l’effet « étiquette », un score remarquable qui témoigne des difficultés des candidatures hors parti, mais aussi de l’enthousiasme que peut susciter l’engagement d’exercer son mandat différemment »

Doit-on payer pour faire vivre la démocratie ?
Marinette Valiergue  continue : les citoyens veulent … « Participer, être associés et codécider ». Pour cela il faut « organiser la participation grâce à des financements … à travers notamment un fonds qui soutienne des expérimentations, des opérations ponctuelles ou bien des dispositifs plus pérennes et la rétribution des citoyens qui y prennent part, constitue l’une de revendications principales des acteurs associatifs et des collectivités avancées sur ces sujets »
Point besoin de payer de logistique puisque dans toutes les communes il y a des salles communes, des salles des fêtes, où l’on peut se rassembler pour discuter.
Faut-il payer le citoyen pour qu’il participe ? Il devrait y avoir une obligation pour chaque électeur de consacrer au minimum un jour par an pour participer au débat démocratique et à la gestion de sa commune.
C’est au niveau de nos 36000 communes que la démocratie participative devrait s’organiser. C’est à ce niveau qu’elle serait la plus efficiente. Pouvoir réaliser ce qu’on a décidé.
Les maires sont payés par le contribuable via l’Etat pour un service qu’ils nous rendent à temps plein. C’est à eux d’organiser les réunions et d’écouter leurs concitoyens dont ils sont les représentants.

Les limites de la démocratie participative.
La démocratie participative n’est pas facile à mettre en place. Idéale sur le papier, elle rencontre de fortes résistances sur le terrain, par manque de temps, de motivation, d’organisation. L’ensemble des citoyens d’un quartier, à travers les réunions de CIQ (Comité d’Intéret de Quartier) démontrant que seulement quelques uns s’intéressent à la vie collective et sont capables de prendre en main celui-ci, ce qui revient toujours à ce qu’une petite minorité gouverne pour les autres.
L’essai de gestion de la commune de Saillans dans la Drôme a été à ce titre à la fois une réussite et un échec 2.
Que ce soit avec une gestion participative des habitants ou par l’application de décisions prises par une équipe de dirigeants (en l’occurrence les élus) on ne peut satisfaire Pierre, Paul, Mohamed et Moïse en même temps. Il y aura toujours des mécontents.

Il ne faut pas confondre contestation et participation
Dans une démocratie c’est la majorité qui l’emporte, tout en respectant les minorités parce que la liberté de penser est une des premières valeurs républicaines. Quand il n’y a que 2 millions de personnes dans une manifestation, alors qu’il y a plus de 42 millions d’électeurs inscrits, que faut-il en conclure alors que les retraites sont un sujet qui va toucher non seulement une corporation, mais tout le monde, les seniors d’aujourd’hui et les ceux de demain ? Que si on n’est pas d’accord avec la réforme, on sait très bien qu’il faut la faire, sans toutefois savoir comment.
Le propre de la démocratie participative c’est qu’elle ne s’arrête pas à la contestation, elle propose aussi. Les syndicats l’ont fait, mais eux non plus ne sont pas écoutés, ni par le gouvernement, ni par le peuple.

Références :
1. Fanette Bardin, Dorian Dreuil, Chloé Ridel et Julien Roirant, « Malaise démocratique : comment sortir de la crise ? » Paris, Fondation Jean-Jaurès, mars 2023.
2. https://www.lagazettedescommunes.com/740851/meme-achevee-la-gouvernance-citoyenne-a-marque-les-esprits-a-saillans/