Un jeu de questions/réponses auxquelles se sont livrés.

En rouge : Jean-Georges SCHWARZ  pour les questions

En bleu : Geneviève Bouché, Docteur en sciences des organisations, pour les réponses

Réponses qui ouvrent la porte à des débats, car comme le dit Geneviève Bouché : “L’économie n’est pas une religion. Elle est une posture de dirigeant démocratiques soucieux de créer de la stabilité en encourageant les initiatives et en assurant de la pérennité à la classe moyenne. Car, c’est la classe moyenne qui tient l’ensemble de la société”..

 

Voici 10 questions essentielles sur l’économie et l’industrialisation pour la France. Elles touchent à des enjeux actuels et historiques, ainsi qu’aux défis et opportunités de la France dans le contexte de la mondialisation et de la transition écologique.

Rappel :

  • L’économie, c’est la manière de répartir la création de valeur au sein de la communauté,
    L’industrie, c’est la manière de satisfaire les besoins primaires dont les citoyens ont besoin. Elle est organisée dans l’économie productive.
    L’économie contributive est celle qui permet aux citoyens de développer un vivre ensemble de grande qualité. Elle est organisée via un pacte démocratique.

Je pose le problème de la manière suivante : quelle place donner à l’industrie dans l’économie du 21ème siècle. Celle des siècles précédents était agraire. Celle du siècle à venir est contributive.

La question n’est plus de produire « plus de yaourts », mais de développer un vivre ensemble attractif qui permet de faire émerger les talents dont l’économie a besoin.

 

1. Quel est l’impact de la désindustrialisation sur l’économie française ?
•La France connaît une désindustrialisation progressive depuis plusieurs décennies. Comment cela affecte-t-il l’emploi, les salaires, et la compétitivité du pays par rapport à ses voisins européens comme l’Allemagne.

La désindustrialisation est liée à plusieurs facteurs dont :

Un processus lié au vieillissement de nos usines et de nos manières de les gouverner,
L’instauration de l’idée arrogantes des occidentaux qui pensaient concevoir les produits, les faire produire dans l’hémisphère sud et les consommer au nord, puis renvoyer les déchets au sud.

 

2. Comment la France peut-elle réindustrialiser son économie dans un contexte de transition écologique ?

• La réindustrialisation est au cœur du débat économique français. Elle doit prendre sa place parmi les composantes de la vie des citoyens. L’ère industrielle qui a transformé les citoyens en producteurs durant la semaine et consommateurs le week-end et qui Gaïa comme un fournisseurs de matière première a vécu.

     Quelles politiques industrielles sont nécessaires pour concilier la croissance économique et respecter les objectifs climatiques, notamment la neutralité carbone d’ici 2050.

La notion de « croissance économique » ne doit plus être l’alpha et l’oméga de la gouvernance. Cette manière de faire est la base de la fuite en avant qui nous mène dans l’impasse environnementale.

Les nouveaux indicateurs restent à inventer, mais l’idée qui se dessine tourne autour de l’équilibre entre l’économie productive (satisfaire les besoins primaires du plus grand nombre au sein de la communauté) et l’économie contributive (permettre au plus grand nombre de réussir sa vie de famille, de contribuer à la connaissance à la démocratie, à la spiritualité et aux résolutions de conflits).

La neutralité carbone est une notion contestée. En revanche, en équilibrant les activités humaines le respect de l’environnement se développe naturellement, d’autant que la décrue démographique va y contribuer largement.

Cette décrue démographique est due liée à l’élévation du niveau d’éducation des femmes qui se mettent à vouloir moins d’enfants pour mieux les éduquer.

 

3. Quel rôle joue le secteur des technologies numériques dans l’économie française ?
• Comment la digitalisation et les nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle ou l’industrie 4.0, transforment-elles les secteurs industriels et productifs.

Ce n’est pas le numérique qui change nos vies, c’est parce qu’il nous permet d’appréhender le vivant dans sa complexité que nous le développons.

Mais les innovations sont souvent détournées pour créer du profit ou de l’hégémonie.

Le numérique nous donne :

De la destruction d’emplois dans les entreprises et les administrations : c’est irréversible. On ne lutte pas contre le progrès, on s’y adapte. En l’occurrence, il est nécessaire de réorienter le temps libéré par la robotisation pour développer l’économie contributive.
Les guerres hybrides et la désocialisation: il faut s’en prémunir avec détermination.

 

4. Quels sont les avantages et inconvénients de l’intégration de la France dans l’économie mondiale ?
• La mondialisation offre des opportunités commerciales, mais peut aussi entraîner une délocalisation des industries. Comment la France équilibre-t-elle la compétitivité internationale avec la protection de ses emplois et savoir-faire locaux.

Dans le vivant, l’autarcie est mortelle. Tous les peuples font des échanges. Il en est ainsi depuis la nuit des temps.

La mondialisation actuelle en a fait une affaire guerrière. Il faut que cela redevienne une affaire de stimulation compétitive.

C’est la logique que l’économie dite « circulaire » : produire la juste quantité au bon moment, au bon endroit et pour les bonnes cibles en étant aussi économe que possible en énergie, en ressources extractives et en ressources humaines.

Dans cette économie, les peuples échangent des matières premières et des produits d’exception.

 

5. Comment la France gère-t-elle la montée des inégalités économiques liées à l’industrialisation et à la mondialisation ?
• L’industrialisation et la mondialisation ont souvent conduit à des disparités régionales et sociales. Quelles sont les stratégies de l’État pour réduire les écarts économiques entre les régions ?

C’est la raison d’être du ministère de l’économie mis sous surveillance du parlement.

Chaque région a ses spécificités et elles doivent être mises en synergie. Mais cette synergie doit être démocratiquement approuvée.

 

6. Quel est l’impact des politiques fiscales et des charges sociales sur l’investissement industriel en France ?
• Les charges fiscales en France sont souvent perçues comme élevées. Comment cela affecte-t-il la capacité du pays à attirer les investissements, notamment dans les secteurs industriels stratégiques.

Notre attractivité repose sur :

La qualité de nos infrastructures
Notre système social perçu comme généreux. Il est en réalité condescendant : j’exploite les travailleurs en tant qu’actionnaire, mais je les protège pour qu’ils ne se fâchent pas. Le système s’est délité avec les délocalisations et la robotisation.
Ces 2 atouts sont à la dérive car la rationalisation de notre manière de produire et de consommer fait baisser les prix et les volumes donc les taxes. Dans le même temps, nous devenons de plus en plus exigeants en matière d’infrastructures et de protections sociales. L’équation devient impossible. C’est pour cette raison que nous changeons de civilisation.

Si au 19ème siècle la priorité était de faire émerger la bourgeoisie entreprenante, à présent, il faut mobiliser les foyers d’intelligence collective.

L’économie duale sur laquelle j’ai travaillé ces dernières années impose au système d’attribuer une partie de la création de monnaie afin d’assurer au plus grand nombre une vie descente. Les citoyens complètent ce revenu avec des activités productive et / ou contributives et ils sont récompensés pour cela.

Cette question est centrale pour faire face au virage sociétal que nous avons à négocier !

 

7. Comment les politiques publiques soutiennent-elles la transition énergétique de l’industrie française ?
• Avec la nécessité de décarboner l’économie, quelles initiatives sont prises pour encourager les industries à adopter des technologies plus propres et des énergies renouvelables ?

Pour le moment, nous sommes plutôt dans les incantations. C’est déjà pas mal. Selon moi, mais je ne suis pas experte, les choses vont se mettre en place naturellement avec le déploiement de l’économie circulaire telle que définie plus haut (§ 4).

En effet, le mouvement des BRICS et du Sud Global va aboutir à instaurer de la réciprocité dans les échanges entre les zones civilisationnelles. Pour ce qui concerne l’Europe, nous conservons nos atouts géographiques, géologiques et climatiques, mais nous allons devoir revoir nombre de nos approvisionnements d’une part et nos exportations d’autre part tout en préservant notre souveraineté en diversifiants nos liens.

 

8. Quelle est la place de l’innovation dans le redressement industriel de la France ?
• L’innovation, notamment dans les secteurs des biotechnologies, des énergies renouvelables et de la France soutient-elle la recherche et le développement.

Pour le moment, nous sommes pillés en permanence par nos prédateurs : en premier lieu par les USA, mais aussi par la Chine ou d’autres puissances en devenir.

Cela passe par le financement, mais plus largement par une incapacité de nos élites à comprendre le mécanisme de l’innovation.

Les USA la gère comme le monde du showbiz : on finance 100 talents candidats, 30 vont être potentiellement éligibles. 10 vont devenir des locomotives et 3 vont rapporter de quoi relancer le processus.

Les innovateurs doivent être intégrés dans le tissu économique. Cela est possible et même nécessaire dans l’économie circulaire (voir § 4).

Les startups qui ont échouées ont néanmoins créé du savoir. Il faut les recycler : c’est le but des débutances que j’avais proposées à JP Rafarin (qui n’avait pas compris). Car l’innovation, ce n’est pas le fait d’un innovateur, mais un long processus de maturation qui passe de cerveau en cerveau et de projets applicatifs en projets applicatifs.

Nos tribunaux de commerces ont pour vocation d’anéantir les entrepreneurs qui ont échoués !!!

Notre système de protection sociale omet de protéger nos innovateurs.

Le système d’aides en apparence pléthoriques canalise les projets vers de la rentabilité immédiate …

Bref : la copie est à revoir de fond en comble.

9. Quelles sont les conséquences des accords commerciaux internationaux sur l’industrie française ?
• Les accords commerciaux avec des pays hors UE peuvent parfois rendre plus difficile la compétitivité des industries locales. Comment la France réagit-elle face à la concurrence internationale, notamment asiatique.

Pour moi, les choses sont simples : constatons officiellement l’échec de l’OMC et laissons de côté les pratiques mondialistes.

Faisons commerce à l’ancienne, dans un esprit de réciprocité comme le revendique désormais l’Europe qui a compris que les protectorat dominateurs ne sont pas durables.

La Chine est très fière d’avoir, dit-elle, « réaliser en 30 ans ce que les européens ont réalisé en 300 ans ». Bravo, mais à présent, elle fait face aux retombées de sa célérité et de sa démographie bidouillée.

Un dirigeant chinois a avoué en off : « nous serons vieux avant d’être riche ».

Ceci étant dit : l’Asie entre dans l’économie de la demande (minute 18 et suivantes). Nous entrons dans l’économie de la rationalisation. L’Asie produit, sur la base améliorée de nos innovations avec une économie d’échelle dont nous n’avons plus la maîtrise.

Mais, cette réalité ne devrait pas durer. Le consumérisme intéresse encore les générations montantes en Asie, en Afrique ou encore en Amérique Latine, mais cela ne devrait pas durer si nous reprenons en main notre évolution sociétale et que nous proposons un modèle désirable basé non plus sur l’individualisation du bienêtre, mais le plaisir de faire société

Bonne nouvelle : l’Europe en fini avec l’idée que les entreprises européennes ne doivent pas devenir hégémoniques au sein de l’Europe. Elles peuvent à présent le devenir pour faire face à des géants internationaux.

 

10. Comment l’industrie française peut-elle mieux exploiter les ressources et talents régionaux pour une croissance économique inclusive ?
• Certaines régions en France sont plus affectées que d’autres par la désindustrialisation. Quelles stratégies locales ou régionales peuvent être mises en place pour dynamiser l’économie, notamment dans les régions rurales ?
Ces questions abordent les défis économiques, les politiques industrielles, et les transformations nécessaires pour la France dans un contexte d’innovation technologique et de transition écologique.

Je suis pour le soutient des initiatives locales. L’exemple de Loos en Goel est exemplaire :

Une commune lourdement sinistrée par la fermeture de son puis de charbon. Elle cherche sa reconversion dans différentes directions pour revenir à son point de départ, mais en l’actualisant : elle mise sur les énergies renouvelables.

Tant que nous aurons des syndicats patronaux et de travailleurs qui ont des réflexes de lutte des classes et de protection de leurs intérêts, nous serons aussi agiles que les bagnards avec leur boulet … en l’occurrence boulet idéologiques.

L’économie n’est pas une religion. Elle est une posture de dirigeant démocratiques soucieux de créer de la stabilité en encourageant les initiatives et en assurant de la pérennité à la classe moyenne. Car, c’est la classe moyenne qui tient l’ensemble de la société.

 

Référence : : Image générée par l’IA  ARIA