Il s’agissait au départ de réorganiser la fonction publique, ce qui est une bonne idée, vu la lourdeur de notre administration. Mais voilà que le Président veut supprimer l’ENA pour le remplacer par la fusion de 13 écoles. Ce qui veut dire qu’au lieu de diversifier, on va encore mettre notre administration dans un moule encore plus étriqué de pensée au lieu de l’ouvrir vers de nouveaux horizons.

Depuis les manifestations des Gilets Jaunes, il était dans les cartons du pouvoir de supprimer l’ENA ou tout au moins le remplacer. Par quoi ? Un Institut du Service Public !

Dans un article de la chaîne LCI il est dit : « Elle va disparaître pour donner naissance à une nouvelle école de formation des hauts fonctionnaires regroupant treize écoles de la haute administration et du monde universitaire, baptisée “Institut du Service public”. Elle aura pour mission de “sélectionner des profils moins déterminés socialement”.

La refonte prévoit une réorganisation en profondeur du recrutement, de l’enseignement et du mode de classement des élèves. “L’ISP formera tous les élèves administrateurs de l’État et intégrera un tronc commun à treize écoles de service public”, a indiqué le Président dans un discours aux hauts fonctionnaires. *

Nous avons besoin d’une école d’administration de la République, encore faut-il que son regard soit plus ouvert sur le concret, sur l’innovation. La haute administration est maintenant confrontée aux multinationales et elle doit travailler avec les mêmes armes, si elle ne veut pas être « arnaquée » ce qui lui arrive de plus en plus souvent. – Alstom, Sanofi, Renault-Nissan en sont des exemples. Il est reproché aux énarques d’être un club fermé venant d’une caste. Seulement 6% des élèves viennent d’autres milieux et rien n’est facile pour accéder au concours. Il faut être parmi les meilleurs, avoir travaillé ses études, préparé ce concours. Une fois sortis de l’école, guère de promotions, ils seront toute leur vie dans le même ministère. Il est donc compréhensible que les énarques aiment le pantouflage. S’ils ont choisi cette voie c’est qu’ils sont ambitieux. Or quand ils sortent de cette école, il leur sera attribué le Conseil d’État, les Finances ou la Cour des Comptes s’ils sont « dans la botte » les suivants se partageant les autres ministères et postes. Ils feront toute leur carrière dans la branche attribuée sans possibilité de promotion, si ce n’est en sortir pour … aller dans le privé qui leur offrira un salaire bien plus conséquent que celui que leur offre l’état et ensuite y revenir quand le privé n’est plus attractif.

Supprimé l’ENA, est-ce la bonne solution, alors que c’est une école que l’étranger nous envie, tout comme Polytechnique. Ils viennent de loin pour étudier. Ne suffirait-il pas de revoir les critères d’admission au concours et de sortie. On ne rentrerait plus à l’ENA sans avoir travaillé dans la fonction publique ou avoir été élu à un poste de député, maire ou adjoint du maire. Il faut que l’accession à la haute administration soit motivante et permette à tous de prendre l’ascenseur social s’il le souhaite. L’ENA devenant une formation interne à la fonction publique, une école permettant une promotion dans la haute administration. Ce serait le directeur général des services d’une collectivité locale qui devrait pouvoir grimper dans la hiérarchie après cinq ans minimum dans la fonction publique, choisir sa filière à l’entrée et non qu’elle lui soit attribuée d’office à la sortie. Pour payer les frais d’études que l’état aurait avancé ainsi que le salaire que le fonctionnaire aurait continué à percevoir, celui-ci devrait pendant le restant de sa carrière se consacrer au service de la République.

Il faut d’abord analyser les causes de la lourdeur étatique avant de croire que ce qui a été une nécessité au départ pour les besoins de la République est aujourd’hui la principale cause de son inertie.