Dans un rapport d’information datant du 29 juin 2023 déposé par le Sénat « Former pour aujourd’hui et pour demain : les compétences, enjeu de croissance et de société » (1) présenté par Martine Berthet, Florence Blatrix Contat et Michel Canévet, les rapporteurs s’inquiètent sur le fait que 67% des entreprises peinent à recruter, 13% des jeunes ne sont ni en études, ni en emplois, ni en formation, qu’un lycéen sur trois est en lycées professionnels, mais que 61% des décrochages interviennent en LEP et que la moitié des diplômés de CAP ne trouvent pas d’emplois sous deux ans.
Plusieurs freins sont identifiés :
– Des personnes très éloignées de l’emploi ne pouvant s’orienter vers la formation
– Une offre de formation peu lisible et des dispositifs mal articulés
– L’insuffisance des compétences socles
– De nombreux freins périphériques à l’entrée en formation
Mais ….
D’après un autre rapport d’information sur les dispositifs de formation professionnelle établit par le Sénat en 2007 (2) il est recensé par la Commission nationale de certification crée par la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 (CNCP) fin 2006 « quelques 2660 fiches descriptives de certifications dont plus de 1200 délivrées au nom de l’État, réunies au sein du répertoire national des certifications professionnelles (RNCP).
Les diplômes ou titres nationaux délivrés par les différents ministères certificateurs, sont élaborés depuis 1948, en association avec les partenaires sociaux, dans le cadre des commissions professionnelles consultatives (PCC) organisées par grands secteurs d’activités et fonctionnant auprès des ministères organisateurs.
613 diplômes délivrés par l’Education Nationale (auxquels s’ajoutent les quelques 15 000 titres délivrés dans l’enseignement supérieur, dont près de 1 500 licences professionnelles, ces diplômes ont vocation à être préparés aussi bien par la voie scolaire, qu’en apprentissage, par la VAE, ou en formation continue. On compte aussi 198 CAP, 35 BEP et 37 mentions complémentaires de niveau V, 73 bacs professionnels et 20 mentions complémentaires, 59 brevets professionnels qui ne s’acquièrent que par la voie de l’apprentissage ou de la formation continue) et 20 mentions complémentaires de niveau IV, 109 BTS, 40 diplômes des métiers d’art de niveau III.
291 titres professionnels délivrés par le ministère de l’emploi, élaborés par l’AFPA et préparés par cet organisme ou des centres agréés.
196 titres ou diplômes délivrés par le ministère de l’emploi.
130 titres délivrés par le ministère de la jeunesse et des sports.
14 par le ministère des affaires sociales et 3 par le ministère de la santé
S’y ajoutent 452 CQP (en 2005) ne figurant pas toutes au RNCP. »1
Si certains ont disparu, ils ont été remplacés par d’autres.
Toujours selon ce rapport, il est clairement dit « Si des rapprochements sont mis en œuvre entre les ministères concernés, afin d’établir des équivalences ou reconnaissances de titres, les cloisonnements entre les filières de formation restent encore un obstacle à la construction de parcours cohérents. Tel est notamment le cas de la filière sanitaire et sociale, dans laquelle il existe des besoins de recrutements massifs.
Comme dans tout, trop tue. Trop de diplômes tuent la valeur du diplôme. Trop de diplômes spécialisés pour des métiers dans le commerce, la restauration, l’hôtellerie, et les services aux personnes ferment la porte à l’emploi.
Si on y regarde de plus près, chacun de ces titres, de ces CQP, CAP, BAC, BTS, DEUG ont des points communs. Mais vous ne pouvez exercer le métier que vous avez choisi en formation initiale, ou plus tard en formation continue que si vous avez le diplôme ou titre correspondant.
Or, si tous les programmes menant à des diplômes ont des points communs, par conséquence :
Tous les diplômes ou certificats peuvent être découpés en Unité de Valeur ou Unité d’Enseignement représentant un point commun. (3)
L’Unité de Valeur est sanctionnée par un examen, qui peut être un QCM informatisé, un examen oral, pratique, écrit, ou conjuguant plusieurs étapes, suivant le niveau et les besoins.
La totalité des Unités de Valeur donne l’acquisition du diplôme s’y référant.
Pour conclure : Il est tout à fait possible d’adapter à toutes les matières les programmes d’enseignement découpés en Unité d’Enseignement2 permettant l’obtention d’un diplôme
En ajoutant la mise en place du portefeuille de compétences, (4) le recrutement par les entreprises peut subir une évolution fondamentale dans le choix de leurs futurs salariés, en laissant plus de place à l’expérience, la compétence et le savoir-être.
Ainsi, une entreprise pourrait sans exiger un diplôme complet s’en tenir aux Unités d’Enseignement en adéquation avec les compétences nécessaires ou recherchées par l’offre d’emploi offerte. Par exemple, il n’est pas obligatoire de connaître l’anglais pour être expert-comptable dans une entreprise travaillant uniquement avec la métropole, mais celui-ci est indispensable pour un expert-comptable travaillant dans une entreprise d’import export
Références
(1) Le rapport d’information « Former pour aujourd’hui et pour demain : les compétences, enjeu de croissance et de société » – https://www.senat.fr/rap/r22-807/r22-807-syn.pdf
(2) Rapport d’information fait au nom de la mission comme information des dispositifs de formation professionnelle – Sénat – 2007- page 34) – https://www.senat.fr/rap/r06-365-1/r06-365-10.html
(3) https://formation.cnam.fr/unite-d-enseignement-a-la-carte/construire-son-parcours-a-la-carte-avec-les-unites-d-enseignement–234161.kjsp
(4) Le portefeuille de compétences
https://cdip.bnf.fr/Record.htm?idlist=1&record=19117069124919352419
https://www.skillpass-game.com/sites/default/files/2017-02/Portolano_Users-Guide_FR.pdf