Les diverses manifestations, les propos tenus à longueur d’antenne, mériteraient que l’on s’y intéresse quelques minutes. Tout d’abord de quoi bruissent nos journées ? Je vais vous citer quelques propos : les élites méprisent le peuple, nous ne sommes pas entendus, les décisions sont prises sans concertation, tout se passe à Paris, tous pourris, droite et gauche c’est pareil, et d’autres encore du même tonneau. En réponse à cette colère qu’avons-nous comme réponses des politiques, prétendants au trône ou non, cela se résume à : les autres ils étaient nuls, nous on a les solutions on fera mieux

 

 

    Si vous avez un peu de conscience politique vous regardez dans vos camps respectifs au-delà des déclarations, des petites phrases, quels sont les plans dressés pour remédier à ce chaos primitif, rien. D’autres phrases, des déclarations, mais sans aucune vision pour la France. Et malgré les événements concrets, quantifiables, visibles comme les abstentions massives, le rejet des politiques, la violence envers eux, le dégoût provoqué par le mot parti, la désaffection envers les syndicats, que font les politiques pour y remédier : rien

      En ce moment beaucoup sont préoccupés par obtenir un futur marocain, un poste, des prébendes, se positionnent pour 2027, les appareils des partis sont en pleines négociations, pour des alliances éphémères, et des promesses illusoires. Vous ne pouvez pas leur demander en plus de tout ce travail colossal de travailler à des solutions pour la France.

Pour nous au cercle Sully il reste une voie. Que le citoyen retrouve son pouvoir, que la représentativité ne soit plus un blanc-seing. Il nous faut former des citoyens à la chose publique et ce à tous les niveaux.

Cercle Sully

Du conseil de quartier au banc de l’ENA, il nous faut des artisans, des commerçants, des ouvriers, des paysans, des cadres. Il faut que le parlement ne soit plus composé uniquement de ces énarques déconnectés. Il nous faut certes une haute administration de qualité, mais avec des femmes et des hommes provenant de toutes les couches de la société. Ce n’est pas l’ENA en soi qui était mauvaise mais le circuit qui propulsait une certaine couche de la population. Naître dans le 93 ou dans le 16ème cela ne devrait faire aucune différence. Ce n’est pas en saupoudrant de boursiers les écoles prestigieuses que nous changerons la société. Si vous ne maîtrisez pas les fondamentaux en sortant du primaire, lire écrire compter, si votre culture générale se satisfait des réseaux sociaux, et des émissions de téléréalité, que pouvez-vous espérer ? Rejoindre les manutentionnaires d’Amazon, les cyclistes uberisés, ces nouveaux ouvriers exploités

D’ailleurs où est la gauche historique, celle des petites gens, des ouvriers, des exploités ? Elle cherche des parts de marché dans l’écologisme, le wokisme. La droite prônant l’autorité, la réussite par le mérite, la souveraineté nationale, une Europe confédérale, une sortie du commandement intégré de l’OTAN, elle aussi n’est plus là. On peut en trouver l’odeur chez un polémiste, politicien de circonstance, mais certainement pas la saveur, les idées. Où sont nos intellectuels de droite comme de gauche, les politiques brillants, au verbe haut et de qualité, aux valeurs ancrées, chevillées au corps ? La politique est devenue une affaire d’émotions, de tweets haineux, injurieux. Alors que la politique est avant tout une certaine idée de la France, du temps long, de la stratégie, de la prospective. Même si la mer et les vents nous obligent à louvoyer, il nous faut un cap, un port à atteindre, et un équipage soudé. Le France a mal fini, il ne faudrait pas que la France subisse le même sort, navigant sous un pavillon de complaisance avant de finir le long d’un quai pour être désossée.

                      Bon vent, belle mer

Alain Raynaud