Le Concept d'une seule santé (One Health)

Le concept « One Health » ou « une seule santé » est mis en avant depuis le début des années 2000 avec la prise de conscience des liens étroits entre la santé humaine, celle des animaux et l’état écologique global. Il vise à promouvoir une approche pluridisciplinaire et globale des enjeux sanitaires. Les travaux de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) s’inscrivent dans ce concept. L’agence coordonne plusieurs projets basés sur cette doctrine.

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Origine des épidémies et pandémies humaines

Au moins 60% des maladies humaines infectieuses ont une origine animale  De nombreuses pandémies, comme la Covid-19, les virus Zika et Ebola, la grippe aviaire ou encore le Sida, ont en commun de venir des animaux. Le nombre de grandes épidémies au niveau mondial a augmenté depuis un siècle , à mesure de l’accroissement de la population , de l’intensification des transports, de la dégradation de l’environnement et du développement des villes. L’activité humaine joue ainsi un rôle majeur dans la propagation des maladies infectieuses.

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des maladies infectieuses humaines existantes sont zoonotiques

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au moins, des agents pathogènes des maladies infectieuses humaines émergentes (notamment Ébola, le VIH, et la grippe) sont d'origine animale

nouvelles maladies humaines apparaissent chaque année. 3 d’entre ells sont d’origine animale.

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des agents qui on un potential d’utilisation bioterroriste sont des agents zoonotiques

C’est dans ce contexte que s’est développé le concept One Health.

Il incite à prendre en considération tous les facteurs d’émergence des maladies. L’enjeu est d’encourager la collaboration effective des organismes de recherche œuvrant pour la santé humaine et vétérinaire ainsi qu’en environnement. Le concept est promu par les institutions internationales que sont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO).

Par leur approche transverse de la sécurité sanitaire, aussi bien pour l’homme, l’animal et les végétaux, les travaux de l’Anses s’inscrivent fondamentalement dans le concept One Health. L’agence coordonne également le programme conjoint européen EJP One Health (2018-2023) qui rassemble 39 partenaires de 19 pays européens. Il a pour objectif l’acquisition de connaissances nouvelles dans les domaines des zoonoses alimentaires, de l’antibiorésistance et des risques infectieux émergents. L’Anses assure la coordination du projet en lien privilégié avec le partenaire belge Sciensano pour la coordination des activités scientifiques de l’EJP One Health .

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Définition et applications du concept “One Health”

One Health est à la fois un concept, une stratégie et un objectif. Le concept s’est progressivement imposé en sciences du vivant, en médecine vétérinaire et en sciences biomédicales. Il domine à présent la communication d’organisations internationales de santé publique comme l’OMS, la Food and Agriculture Organization, l’OIE, les Centers for Disease Control and Prevention. Il est néanmoins rarement intégré dans les décisions des gouvernements. Représentant un véritable changement de paradigme, ce concept pourrait aider à mieux appréhender, anticiper et gérer l’irruption de nouvelles pandémies.

Dès le début, le terme « one medicine » introduit en 1984 par l’épidémiologiste Calvin Schwabe, souligne l’évidente interconnexion entre médecine animale et humaine qui doit nécessairement impliquer une impérieuse nécessité d’une étroite collaboration entre vétérinaires et médecins pour contrôler la dissémination des agents infectieux.

1407 agents pathogènes ont été répertoriés pouvant affecter l’humain. Plus de 60% sont d’origine animale, dont un quart capable d’une transmission potentiellement source d’épidémie ou de pandémie à l’instar des virus Ebola et Influenza. 75% des maladies infectieuses émergentes sont d’origine animale. Une meilleure compréhension et gestion des réservoirs animaux d’agents infectieux, mais aussi de leurs modes de transmission et d’adaptation à l’humain s’avère indispensable au contrôle des zoonoses et des épidémies futures.

Ainsi, l’éco-épidémiologie, discipline émergente et transverse à l’écologie, à l’épidémiologie et aux sciences biomédicales pourrait être développée pour répondre de manière plus efficiente à ces questions.

Ce sont des perturbations de l’équilibre entre les populations humaines, d’agents infectieux, de réservoirs animaux, et parfois d’insectes vecteurs, qui déclenchent en général les épidémies d’origine zoonotique. En modifiant de manière brutale leur habitat ou leur abondance, en imposant des changements environnementaux inconsidérés, climatiques et socio-économiques, l’homme a  les probabilités d’interactions entre chaque population.

Le lien entre l’intrusion de l’humain dans un écosystème et l’apparition d’une épidémie est illustré par le cas du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) qui a fait plus de 32 millions de morts entre 1981 et 2018. Son émergence est vraisemblablement due à une augmentation de la chasse et de la consommation de viande de chimpanzé dans la région de Kinshasa en République démocratique du Congo qui a favorisé l’adaptation de cet agent pathogène à l’humain.

La maladie de Lyme, pathologie qui témoigne des liens entre l’altération de la biodiversité et les épidémies, est due à une bactérie transmise par les morsures de tiques.

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Comment gérer une épidémie :

Pour gérer au mieux une épidémie, il importe donc de prendre en considération les réalités sociologiques, économiques, politiques, religieuses et culturelles du pays concerné. L’adhésion des populations aux stratégies de santé publique est, par ailleurs, indispensable. En définitive, les stratégies de communication et d’éducation doivent s’adapter à chaque contexte sociétal.

Une approche multidimensionnelle et pluridisciplinaire est donc absolument nécessaire. Dans ce contexte il s’avère que les 12 « principes de Manhattan » présentés en 2004 à New York, lors d’une conférence organisée par la Société pour la conservation de la vie sauvage (Wildlife Conservation Society) sont particulièrement intéressants à développer.

Le premier de ces principes insiste sur la nécessaire reconnaissance des liens entre la santé humaine, la santé animale et l’environnement. L’étude prospective des maladies infectieuses émergentes doit tenir compte des interconnexions complexes entre espèces. La réduction du commerce des animaux sauvages qui représente un danger pour la sécurité socio-économique mondiale doit être sérieusement envisagée. Une augmentation des investissements dans les infrastructures de santé et les réseaux de surveillance des maladies infectieuses doit être entreprise sans délai.Un partage rapide et clair des informations s’avère indispensable. Une éducation et une sensibilisation des populations et des décideurs politiques à l’interconnexion du vivant doivent être développées car nous ne pouvons pas espérer résoudre les menaces d’aujourd’hui et les problèmes de demain en accomplissant les mêmes tâches qu’hier.

Tenant compte de ces principes, il faut trouver des solutions adaptatives, prospectives et multidisciplinaires aux défis futurs. Il est donc primordial d’anticiper.

“One Health” Umbrella développé par les réseaux One Health Sweden et One Health Initiative. One Health Initiative.

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Applications du concept dans le futur :

Si nous voulons atteindre les objectifs du millénaire pour le développement durable des Nations Unies, il faut impérativement tenir compte des multiples interactions entre santé publique, économie, santé animale et environnement. Force est néanmoins de constater que la vision «  One Health » est rarement adoptée par les décideurs politiques comme l’a mis en lumière la gestion de la crise sanitaire due au Covid-19.

Alors que l’émergence de nouvelles pandémies virales était prévisible, aucune anticipation n’a été envisagée pour gérer une épidémie qui s’avérait probable. La pandémie à laquelle nous devons faire face nécessite une action globale, concertée et supranationale.

La pandémie induite par les SARS-CoV-2 est la conséquence directe et prévisible de la mondialisation des systèmes de production animale, de la vente d’animaux sauvages vivants, mais aussi du tourisme de masse, du commerce international et de l’hyper mobilité qui les accompagne.

La crise sanitaire actuelle due au SARS-Co-2 relève donc d’un concept d’une seule santé.

Cinq mille vétérinaires (la profession compte 18000 vétérinaires en exercice) ont répondu spontanément en quelques jours à l’appel du ministère chargé de la santé.

Ils ont mis à disposition des hôpitaux leur matériel de réanimation (respirateurs, concentrateurs d’oxygène, appareils de monitorage). Les médicaments vétérinaires de composition identique aux médicaments à usage humain (anesthésiques à base de propofol notamment) sont officiellement mis à disposition des centres de soins.

Les laboratoires vétérinaires de diagnostic qui ont depuis de nombreuses années une grande expérience des coronavirus responsables de maladies spécifiquement animales, notamment les bêta-coronavirus comme le cas du SARS-CoV-2, mais aussi des tests de diagnostic PCR avec une capacité de réaliser journellement un très grand nombre de tests, auraient sans doute pu précocement être mis à contribution. Aujourd’hui, la pandémie et la crise sanitaire qui en découle sont en train de démontrer de façon criante la nécessité de lier santé humaine et animale.

Les concentrations animales semblables aux concentrations urbaines reliées par les transports rapides mettent à portée de virus des populations jusqu’ici à l’écart. L’écologie de certains animaux, porteurs de maladie, est modifiée par la déforestation et les changements de plantation qui modifient la biodiversité et leurs comportements en favorisant la prolifération de nouvelles espèces. Que ce soient des concentrations monstrueuses d’animaux, des destruction d’espèces, une indifférence à la prolifération des réservoirs d’eau offrant des repères aux moustiques pour leur ponte et favorisant ainsi la transmission des virus (dengue et chikungunya), tout cela révèle notre difficulté à penser et à agir de manière globale.

Claude LEFEBVRE