Au-Delà du Doute : La France et le Renouveau Démocratique
“Une civilisation commence dans le mythe et finit dans le doute”
Emil Michel Cioran (1911-1995)
Contrairement à de nombreuses nations européennes, la France, nation millénaire, a traversé maintes épreuves et adversités, mais a toujours su perdurer et s’affirmer. Cette constance, bien qu’apparente, masque de nombreuses périodes de doutes et de guerres intestines qui nous ont souvent menés au bord du gouffre et de l’annihilation. De la guerre de Cent Ans aux guerres de religions, en passant par la défaite de 1940 et la grande peste, ces événements ont marqué notre pays de manière indélébile, et les sacrifices ont été d’une ampleur que nul n’aurait pu anticiper. Dire que des rivières de sang ont coulé sur notre terre n’est pas une exagération. Seul le diable pourrait s’en amuser. Et pourtant, contre toute attente, et surtout celle de nos nombreux adversaires, la France s’est relevée, s’est reconstruite et est devenue plus forte.
L’histoire ne doit être ni ignorée, ni nous aveugler ; elle est là pour nous nourrir et nous enseigner. Nous abordons à nouveau une période sombre et difficile. Rien de bon ne semble se profiler à l’horizon, mais comprendre pourquoi nous en sommes là, c’est aussi comprendre comment nous en sortirons. Vous avez des doutes ? Vous ne devriez pas…
À ce jour, notre pays fait face à trois crises simultanées : une nouvelle guerre de religion où l’islam intégriste cherche à imposer sa vision politique sur les territoires, une crise climatique de grande ampleur et une crise internationale avec une guerre de grande ampleur sur notre territoire européen comme nous n’en avons pas connu depuis 70 ans. Chacune de ces crises, prise séparément, serait déjà un sujet d’inquiétude majeur et tout à fait justifié, mais les trois en même temps constituent ce que les anglo-saxons appellent une « tempête parfaite ».
Les choses ne proviennent pas de nulle part, et souvent une crise est née bien longtemps avant que nous en ressentions les effets.
Le Doute : Un Ennemi Intime de la Démocratie
La débâcle de la France en 1940 face à l’armée allemande suscite une interrogation fondamentale : comment la première armée du monde a-t-elle pu s’effondrer ? La genèse de cet échec remonte à avant la guerre, à une époque où le doute fut sournoisement semé à travers le pays. Les mouvements d’extrême droite, se faisant l’écho volontaire de la propagande nazie, colportaient des slogans tels que : « Hitler est l’ami de la France, il ne désire pas envahir notre patrie, plutôt Hitler que le Front Populaire. » Avec une redoutable efficacité, la propagande nazie a sapé les fondations de la démocratie française. Simultanément, l’Internationale socialiste, qui n’a rejoint la Résistance qu’en 1942, encourageait la désobéissance civile, contribuant ainsi à la confusion ambiante.
L’usage récurrent de l’accord de Munich comme archétype de la capitulation devant la tyrannie nécessite une évaluation plus nuancée à travers le prisme de notre histoire. Un retour en 1936 révèle l’existence d’un doute corrosif qui a rongé le moral des Français, un phénomène habilement exploité par des autocrates contemporains tels que Poutine, qui étudient et s’inspirent de l’histoire européenne pour façonner leur stratégie. Nul besoin d’invoquer Munich lorsque le ver est déjà dans le fruit.
Ce mode opératoire de la désinformation n’est pas une invention moderne. Lorsque Édouard III d’Angleterre prétendait au trône de France et ornait son blason de la fleur de lys, il engageait déjà une guerre psychologique visant à miner la légitimité du roi Philippe VI. À cette époque, ceux qui trouvaient leur intérêt auprès de l’ennemi plutôt qu’auprès du pouvoir légitime s’identifiaient comme les Bourguignons. Les époques changent, les trahisons restent les mêmes ; la conséquence en fut une guerre qui perdura cent ans. L’impact de la manœuvre d’Édouard III est tel que, de nos jours, de nombreux Anglais croient encore à la justesse de sa cause, un coup de maître en termes de propagande qui préfigure les techniques de Goebbels.
À travers les siècles, bien que les médias et les supports évoluent, les tactiques de manipulation demeurent inchangées. Chantage, rumeurs, propagande, guerre hybride, désinformation ou fake news, le but ultime est toujours le même : inoculer le doute et affaiblir l’ennemi dans son essence la plus profonde. La stratégie vise à anéantir psychologiquement l’adversaire, à le rendre incapable de se battre pour ce qui lui tient à cœur. Quand Poutine déploie ses armées de trolls numériques pour saturer nos médias de mensonges, la forme peut varier mais le fond demeure. Il s’agit de semer le doute et de décomposer l’adversaire de l’intérieur, afin que, le moment venu, il s’effondre sans résistance. L’adversaire visé par Poutine, c’est nous, le peuple français, parmi d’autres.
Invoquer Munich à tout bout de champs est une paresse intellectuelle, mais cela ne doit pas nous empêcher de faire des comparaisons lorsque celles-ci sont pertinentes, en l’occurrence l’année 2023 n’a jamais été aussi proche de 1936.
L’antidote
Dans l’arène tumultueuse de l’histoire, face aux sombres nuées de la désinformation, l’antidote demeure inchangé : l’esprit critique et vertueux du citoyen. C’est dans le creuset de la recherche de la vérité que se forge la résilience d’une nation, surtout en des temps aussi incertains que ceux que nous traversons. Comme les chercheurs d’or de la ruée vers l’Ouest, qui tamisaient sans relâche le sable dans l’espoir d’une pépite, il nous incombe de trier les faits des fabulations, un devoir d’autant plus impérieux en temps de crise.
Nous devons puiser dans le réservoir commun de ce qui nous unit, nous les Français, avant de céder à la facilité de souligner nos divergences. Comme les pèlerins d’antan, fédérés par leur foi en dépit de leurs origines diverses, notre cohésion repose sur le partage de valeurs et d’aspirations communes.
Le mythe, malgré sa nature souvent trompeuse ou embellie, porte en lui une parcelle de notre identité collective. À l’image des fresques de Lascaux, qui perpétuent un récit millénaire et énigmatique, nos mythes véhiculent une essence de vérité sur notre passé, façonnant notre présent et influençant notre avenir. Ils constituent notre héritage, aussi imparfait soit-il, et il est de notre devoir de les honorer et de les transmettre.
En nous ancrant dans la vérité de notre histoire, en cultivant l’esprit critique et en renforçant les liens qui nous unissent, nous érigeons un rempart contre le doute. Comme le phare de Cordouan, guidant les navires à travers les tumultes de l’océan, notre dévouement à ces principes éclaire le chemin vers un avenir où, ensemble, nous surmonterons les épreuves.
La religion, le leurre des intégristes islamistes
Imaginez le braquage d’une banque où les voleurs arborent un nez rouge de clown et chaussent des souliers démesurés. Les témoins, submergés par l’absurde de la scène, retiendront ces détails extravagants, mais oublieront les traits essentiels des malfaiteurs. Dans un monde saturé d’images, cette ruse perd de son efficacité, pourtant, la diversion demeure une stratégie efficace.
Dans les années quatre-vingt-dix, une fois révélées les horreurs du régime soviétique, Philippe Noiret exprimait sur TF1 une équation sans appel entre l’adhésion au communisme et une forme de déraison ou de perversion. Cette analogie s’applique, avec une force redoublée, à l’islamisme radical : face aux atrocités perpétrées en son nom, dépassant en barbarie les pires scénarios d’épouvante, l’adhésion ou la complaisance dépasse l’entendement. Plus encore, prendre la vie d’autrui est le péché suprême dans les textes sacrés des trois religions monothéistes ; s’en réclamer pour justifier la violence et l’assassinat est l’apogée de la perversion.
Il est crucial de démasquer ceux qui, sous couvert de religion, laissent libre cours à leurs penchants les plus sombres. La foi devient alors un masque, une diversion détournant l’attention du réel enjeu : un projet politique autoritaire, empreint de haine et de racisme. Semblable aux autres formes d’autoritarisme, l’islamisme intégriste prospère sur le terreau de la pauvreté et de la frustration, qu’il contribue lui-même à cultiver. Répéter incessamment à quelqu’un qu’il est opprimé à cause de son ethnie ou de sa foi, c’est le préparer à la révolte, même contre un ennemi fictif. Cette colère instrumentalisée fait le jeu des extrémistes, qui manipulent des individus consumés par la rancœur.
Cette dynamique s’enracine profondément dans les démocraties occidentales, où l’héritage des Lumières et la tolérance ont paradoxalement bridé notre capacité à réfuter de tels mensonges. Les principes même de nos sociétés libres sont retournés contre nous, engendrant une paralysie collective. Orwell dans “1984” décrit une société où le langage est dévoyé ; nous vivons aujourd’hui cette réalité où le hijab, potentiel symbole de soumission, est célébré comme un étendard de liberté. La privation de liberté vestimentaire devient, dans une torsion du discours, un acte de résistance contre une prétendue oppression occidentale. Et, cerise sur le gâteau, être antiblanc n’est pas un racisme mais une résistance à l’oppression !
La liberté de conscience, pilier de notre Constitution et de notre société, est détournée. En brandissant la religion comme un écran de fumée, les intégristes immobilisent notre jugement tout en œuvrant contre les valeurs républicaines. Il est impératif de percer ce voile et de reconnaître la vraie nature de leur projet, en opposition flagrante avec les fondements de notre République. Le doute est, encore là, notre ennemi. La raison, la culture et l’esprit critique nos alliés.
Le Changement Climatique : Entre Raison et Réaction
Dans la vaste et tumultueuse mer de l’information, il est impératif de naviguer avec l’esprit critique comme gouvernail et le raisonnement comme boussole. Nous sommes assiégés de contrevérités et de caricatures qui, loin de stimuler, anesthésient notre capacité à penser et à agir :
- Le dioxyde de carbone (CO2) n’est pas intrinsèquement un polluant. Il est l’un des éléments vitaux pour la photosynthèse des plantes, et par extension, pour la vie sur Terre. L’effet de serre, facilité en partie par le CO2, est une mécanique planétaire essentielle sans laquelle notre planète se transformerait en sphère gelée. Néanmoins, une concentration excessive de CO2 et d’autres gaz à effet de serre peut perturber cet équilibre délicat, ce que nous constatons aujourd’hui avec le réchauffement global.
- L’extinction n’est pas imminente pour toute forme de vie sur notre planète. L’histoire géologique, avec des événements tels que le maximum thermique du Paléocène-Éocène, témoigne de la résilience de la vie, même face à des augmentations de température de l’ordre de +8°C. Une telle hausse serait catastrophique pour nos civilisations, engendrant des pertes humaines massives, mais la vie, dans sa diversité, perdurerait.
- En France, l’une des menaces les plus immédiates posées par le changement climatique est l’augmentation du risque d’inondations. Une intensification prévue des précipitations pourrait avoir des impacts dramatiques sur nos infrastructures et notre mode de vie.
- Même si nous stoppions toute émission polluante immédiatement, le climat continuerait sa trajectoire jusqu’à un plateau envisagé vers 2050, suivi d’une diminution graduelle. Cela signifie que, bien que l’action soit nécessaire, nous devons aussi adopter une approche réaliste et allouer des ressources significatives à la prévention, parallèlement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Ces vérités, reconnues par la communauté scientifique, n’atténuent pas l’urgence du problème. Elles soulignent, plutôt, la nécessité d’une compréhension nuancée pour pouvoir formuler des solutions efficaces. L’écologie souffre des simplifications excessives qui obstruent les voies vers des actions constructives.
Dans le débat sur le climat, les extrémistes, alarmistes et faux prophètes exploitent le désespoir et désignent des boucs émissaires variés — des seniors aux corporations, en passant par les Américains, les aisés, la société de consommation, et le capitalisme. Ils préconisent un changement radical de société, invoquant souvent des solutions qui s’éloignent de la cause environnementale pour flirter avec des idéologies politiques. C’est alors le spectre du communisme, vêtu de vert, qui semble resurgir.
La conséquence ? Une paralysie, un manque d’initiative en matière de préparation énergétique, de prévention et d’adaptation. Des mesures telles que la végétalisation des cités, la construction de digues et de bassins de rétention, le reboisement, et la surélévation des infrastructures devraient être des priorités visibles et urgentes — mais l’action tarde à venir. Coincée entre dogmes et prédicateurs autoproclamés, notre nation peine à trouver la voie de l’anticipation et de la protection.
Nous n’avons jamais eu autant besoin d’état et de consensus pour nous préparer et nous sauvegarder. Et pourtant, nous sommes à un carrefour où ces deux piliers semblent vaciller. Il est impérieux de construire un état et un consensus dépourvus de doute, car c’est sur cette terre ferme que peuvent s’ancrer des actions résolues et efficaces pour affronter le changement climatique.
L’Urgence : Reconstruire le Mythe Français
La France, berceau des Lumières et forge de la modernité, se dresse aujourd’hui à la croisée des chemins de l’histoire, confrontée à des défis qui menacent d’éroder son essence même. L’urgence de l’heure est moins celle du bruit des armes que du silence des esprits face à la dissonance ambiante. L’urgence, c’est la nécessité de renouer avec le mythe français, non pas pour se perdre dans la nostalgie, mais pour forger l’avenir.
Le mythe français n’est pas une illusion, c’est l’écho d’une vérité plus grande que la somme de nos individualités. C’est la République, une et indivisible, le chant de la Marseillaise qui résonne dans le cœur de ceux qui aspirent à la liberté, l’égalité et la fraternité. C’est la bravoure de ceux qui, d’hier à aujourd’hui, défendent les valeurs de notre démocratie.
L’urgence est de se souvenir. Se souvenir que la France est née des mythes qui ont façonné sa grandeur – Vercingétorix défiant Rome, Jeanne d’Arc brandissant l’étendard de la souveraineté, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclamant les libertés inaliénables de l’individu. Ce sont ces mythes qui ont uni le peuple français dans les moments les plus sombres, qui ont rallumé la flamme de l’espoir lorsque tout semblait perdu.
Aujourd’hui, l’urgence commande de raviver ce mythe, non pour s’aveugler de grandeur passée, mais pour illuminer le chemin à venir. C’est en puisant dans notre riche héritage que nous trouverons la force de surmonter les crises actuelles. La France ne doit pas finir dans le doute, car le doute est le précurseur de la défaite. C’est en consolidant nos certitudes, en embrassant nos valeurs et en agissant avec détermination que nous pourrons écrire le prochain chapitre de notre histoire.
Ainsi, face à l’assaut constant de la désinformation, à la division semée par les idéologies extrêmes et au spectre du désastre écologique, nous ne devons pas céder au désarroi. L’urgence est d’agir, d’unifier et de reconstruire. Il est temps de fortifier notre pacte républicain, de redéfinir et de promouvoir notre identité collective, non seulement au sein de nos frontières, mais aussi comme un phare pour le monde.
La reconstruction du mythe français est l’appel à un sursaut collectif, à une résurgence de l’esprit citoyen, à une réaffirmation de notre engagement pour le bien commun. C’est l’heure de mobiliser l’innovation, l’ingéniosité et l’audace qui ont toujours été les piliers de la France. L’urgence est là, palpitante et impérieuse. Et dans cet élan, plus que toutes autres nations, la France saura se réinventer, se révéler à nouveau et continuer de briller parmi les nations du monde.
Jérôme Moreels – Co-Fondateur du Cercle Sully
Il n’y a, pour le moment, pas de guerre en Europe. Jusqu’à preuve du contraire, l’Ukraine ne fait pas encore partie de l’Europe. Il y aura guerre quand Macron enverra nos enfants et parfois petits enfants, se battre à Kiev, contre Moscou (mais, réellement, en a t-on les moyens : financiers, techniques, logistiques et humains?). Il est vrai qu’avec tout ce qui est dénoncé dans “launedekeg”, avec nos gouvernances actuelles et à venir, tout devient possible – Les VRP du Peuple, s’ils mettaient autant d’ardeur à défendre le Peuple qu’ils en mettent à défendre les idéaux et intérêts de leurs partis (souvent à l’encontre de ceux du Peuple) le Peuple serait heureux et le pays prospère !
Bonjour Kelly-Eric,
Merci pour ton commentaire. Il est important de clarifier que, bien que l’Ukraine ne soit pas membre de l’Union Européenne, elle est géographiquement et historiquement une partie de l’Europe. Ainsi, la guerre actuelle en Ukraine est, sans équivoque, un conflit se déroulant en Europe.
Ce texte vise avant tout à réfléchir sur l’unité et la résilience de la nation française face aux défis, plutôt que de spéculer sur les implications futures de conflits externes tels que celui en Ukraine. Il s’agit de mettre en lumière comment, à travers les âges, la France a su surmonter les crises en puisant dans ses valeurs fondamentales, et non de débattre sur les actions militaires potentielles contre d’autres nations.
Notre objectif est d’encourager une réflexion sur notre capacité collective à rester unis et résilients, en nous rappelant les leçons de notre histoire plutôt que de nous laisser diviser par les crises actuelles ou futures. Cela est crucial pour construire un avenir où, ensemble, nous pouvons faire face à n’importe quel défi avec solidarité et force.
Bien cordialement,