L’aménagement du territoire est un terme et une politique spécifiquement française. Dans la plupart des pays européens, les pouvoirs régionaux et locaux disposent généralement d’une plus grande latitudes d’organisation de leur territoire. Ainsi, en Allemagne on ne parle pas d’aménagement du territoire mais plutôt de « développement spatial ».

Sous prétexte de simplification et d’égalité, les communes riches payant pour les communes pauvres, il a été créer les intercommunalités, ce qui renforce un peu plus la lourdeur de l’administration et explique les lenteurs des processus pour créer des logements sociaux, là ou on à a besoin, ou la réparation d’une route.

La bête noire étant, évidemment, l’expert plus ou moins international aux convictions blindées, avec son harnachement de recettes passe-partout donc déplacées où qu’il les applique. Cela n’est plus de l’aménagement, mais du déménagement de territoire. Ces déménageurs ne sont pas seulement sourds et aveugles, irresponsables au sens où ils jouent, naïvement ou cyniquement, les apprentis sorciers sur le dos des populations et des écosystèmes ; ils déménagent au sens où ils déraisonnent.

Ce qui nous a donné les métropoles toutes puissantes au détriment des autres territoires.

La revanche des campagnes suite à la pandémie et à l’exode des citadins ayant les moyens financiers et d’emplois (notamment télétravail) n’aura pas une incidence durable si celle-ci n’est pas suivi d’une restructuration des territoires et de la réimplantation des services publics.

Si nous pensions à reprendre l’ambition d’Eugène Claudius Petit, résistant, puis ministre de la reconstruction et de l’urbanisme de 1948 à 1953, peut-être que nous retrouverions notre identité. Celle d’une France qu’aussi bien les touristes que les Français eux-mêmes aiment. Son plan national d’aménagement du territoire affichait l’ambition d’une « recherche dans le cadre géographique de la France d’une meilleure répartition des hommes en fonction des ressources naturelles et des activités économiques ». « Déconcentration, industrialisation sur un plan décentralisé, rénovation de l’agriculture, équipement touristique, organisation culturelle » en étant les principales lignes. Le tout pensé en terme de développement durable et d’adaptation au changement climatique.